Le monde actuel est en proie à d’immenses tourments, car y règne l’argent, l’individualisme, le consumérisme et l’utilitarisme. Ces travers ne sont pas le projet de Dieu, mais celui des hommes et des démons.
Notre but en commençant ce site est de travailler humblement à bâtir la civilisation de l’amour, c’est-à-dire un monde fondé sur la communion. Il s’agirait de faire connaître des initiatives qui vont en ce sens, d’en soutenir éventuellement, voire d’en initier. Il s’agirait de réfléchir à ce qui sous-tend un monde de communion et d’analyser le monde d’aujourd’hui. Il s’agirait enfin de dénoncer ce qui s’oppose à l’amour et à la communion.
Selon nous, la communion vient ultimement du Dieu incarné en Jésus-Christ, là où l’alliance entre Dieu et les hommes s’est établie. C’est la communion première, qui vient de l’Alliance divine. Elle se manifeste aujourd’hui dans le mystère eucharistique. Il faut goûter cette communion, cette lumière, cette vie, qui vient de l’Hostie mangé et adoré, de Jésus qui est Dieu le Verbe incarné. Ceux qui n’ont pas perçu cela passe à côté d’un immense trésor. C’est la rencontre intime avec le Tout-Autre dans des gestes concrets qui transfigurent. Notons au passage qu’altérité ne veut pas dire extériorité, et que la rencontre avec le Tout-Autre se vit à l’intime de nous-mêmes même si les gestes et les signes sont bien extérieures. En fait, nous trouvons Dieu en nous et au-delà de nous.
La communion veut dire gratuité, dons, contre-dons, échanges, union, diversité, communs, etc. Dans une communion authentique chacun trouve sa place dans une communauté en étant respecté dans sa dignité de personne et dans sa particularité. Cela trouve sa source dans la Communauté des Personnes divines, et cela se propage chez les créatures, à savoir les personnes angéliques et les personnes humaines. Et cela doit inspirer les relations entre nos divers groupes et pays. Le projet d’une communauté de nations, où chacun a sa place avec ce qu’il est, est beaucoup plus intéressant qu’un projet d’empire, où les diversités disparaissent dans l’uniformité. Le premier conduit à une vraie paix durable qui vient de l’amour, le second à une fausse paix qui vient de la contrainte et qui ne peut que sombrer dans le désordre.
Un tel projet de communion ne peut pas venir d’un monde athée, qui n’a pas en vue le modèle de l’amour. On devient progressivement ce que l’on contemple, et Celui à qui l’on s’unit. Si l’on contemple l’individu isolé, on fonde un monde uniforme et sans amour. C’est là la limite de la laïcité au sens d’exclusion de la religion de la sphère publique : ce n’est pas un modèle durable. Bien sûr, les chrétiens ont très bien compris que les personnes et les peuples ne peuvent devenir chrétiens que par une libre adhésion. Mais il est fort regrettable qu’il soit de plus en plus difficile de parler du christianisme dans la sphère publique, alors que c’est la seule religion qui parle de communion en Dieu lui-même. C’est la seule religion dont le modèle divin est l’Amour comme Communauté de Personnes. Et cela est précieux pour inspirer notre manière de vivre et de sortir des maux de notre époque. Il faut aussi voir qu’il n’y a pas d’égalité entre les religions, et qu’un État a le droit de privilégier celles qui semblent être plus respectueuses de la dignité de chaque personne et davantage mener à servir l’amour. Car l’amour est le fondement véritable de toute société digne de ce nom. Voire même, un état peut choisir une religion comme source d’inspiration plus particulière s’il voit que cela fait suffisamment l’unité et que cela entraîne le pays dans un cercle vertueux ; et en laissant bien sûr les personnes libres de leur propre choix religieux.
Tout cela pour dire que le christianisme est la religion par excellence qui peut nous mener à percevoir ce que serait un monde fondé sur la communion, et nous aider à en prendre le chemin. Le drame du christianisme est d’avoir été le théâtre des assauts répétés du diviseur qui a laissé de profondes blessures. Dès les premiers siècles, la particularité des judéo-chrétiens a mal été accueillie au sein du christianisme et a fini par disparaître ; il a ressurgi étonnamment depuis le XXème siècle avec les juifs messianiques. Par la suite, le monde byzantin et le monde latin n’ont pas réussi à garder l’unité : l’Église d’Orient et l’Église d’Occident ont divorcé. Ces trois réalités ecclésiales (juifs messianiques, orthodoxes et catholiques), qui semblent toutes voulues par Dieu, sont comme une famille divisée, comme un enfant, une mère et un père qui n’arrivent pas à se réconcilier. Le renouveau du monde passera inévitablement par un retour à la communion, où chacun devra apprendre et recevoir de l’autre ce qui peut le corriger, tout en restant lui-même. Cela doit aussi être le cas au sein de chacune de ces composantes : par exemple, dans l’église latine, entre les chrétiens ordinaires, les charismatiques et les traditionalistes. La tradition chrétienne a bien compris que la spiritualité était polymorphique, et non uniforme ; de la même manière qu’il y a quatre évangiles et non un seul. Nous ne parlons pas dans ce paragraphe des autres confessions chrétiennes qui sont des réalités différentes et imparfaites venant de divisions que Dieu a seulement permises et non voulues : si Dieu l’a permis, c’est qu’elles ont quelque chose à nous dire, mais il ne faut pas aller plus loin.
Aujourd’hui l’heure est à la Nouvelle Évangélisation. Il nous semble que cela doit commencer par cette notion de communion. Vouloir vivre la communion chrétienne nous donne quelques pistes :
partir de l’Eucharistie et de Jésus-Hostie adoré pour être en communion avec Dieu : il convient donc de multiplier les lieux d’adoration et de vivre chaque messe comme un mystère d’Alliance source de communion. En Jésus-Christ, Dieu se donne à nous. Par sa Croix, il nous réconcilie et nous unit à la divinité.
être en communion avec ses frères et sœurs : et cela commence dès la sortie de la messe par un moment partagé (un verre de l’amitié, un repas, etc). Il n’y aura de renouveau dans l’Église que quand à chaque sortie de messe l’on partagera au moins un verre (par exemple sur le parvis) pour goûter et vivre des choses ensemble.
protéger le modèle de la famille qui est le premier lieu de découverte et d’accueil de l’altérité et de la communion. La différence des sexes et l’engendrement est le premier lieu où l’on apprend à être différent et à accueillir sa différence. La nier d’une manière ou d’une autre conduit inévitablement à l’uniformité qui finit par diviser.
s’ouvrir au monde des anges : il n’y a pas de communion authentique si l’on exclut ce monde immense qui veut vivre un mystère d’amour avec nous. Il en est de même pour les saints du Ciel avec qui nous sommes appelés à être en communion.
Et de cette communion des personnes rejaillit une communion sur toute la civilisation et sur le monde entier.
Notons à ce sujet que les Focolari portent l’initiative d’une économie de communion qui est intéressante pour renouveler notre manière de voir et de vivre notre rapport à l’argent et au monde du travail.
Par ailleurs, le rapport à la nature et en particulier à l’agriculture est très emblématique. L’on peine aujourd’hui à concilier les deux termes de la relation que sont l’humanité et la nature. Il faut en fait y voir un mystère d’alliance où la nature suit son propre dynamisme, mais ne peut vraiment s’épanouir qu’en union avec l’homme qui avec son intelligence et sa raison aide son bon déploiement. L’homme ne doit pas sombrer dans l’utilitarisme, mais doit apprendre à s’ouvrir à ce monde immense qui d’une certaine manière le dépasse, et qui est aussi un terrain d’action pour l’Esprit-Saint et pour les anges. Sa raison n’est pas faite uniquement pour voir les choses de loin d’une manière très abstraite et mathématique, mais elle est là pour l’aider à se plonger dans toute cette réalité et à aider son déploiement de vie pour qu’il soit de plus en plus beau et harmonieux.
L’intelligence humaine est très particulière, car elle l’ouvre à l’universel et au monde spirituel. Pour les animaux, on parle d’estimative et non d’intelligence. Un signe de la différence est qu’un animal bien que sachant communiquer est bien incapable de faire une traduction entre des langues étrangères. Il lui faut un long dressage pour acquérir de nouveaux systèmes de signification. Alors qu’une personne humaine s’amuse sans cesse à faire des traductions, et montre par là une capacité d’abstraction vers des idées et concepts qui transcendent les signes et signaux matériels.
À ce sujet, il serait judicieux pour les machines de ne pas parler d’intelligence artificielle, mais d’estimative artificielle. Le mode est similaire à celui des animaux. Alors que chez l’humain, il y a une discontinuité qui le porte au-delà de tout cela. L’estimative artificielle, qui peut être très développé, grâce à l’homme, conduira les machines à faire ce que les hommes auront décidé qu’elles fassent, ce qui peut être bien catastrophique. L’estimative animale a pour but la survie de l’espèce, le déploiement de vie ; elle suit l’instinct. Les deux ne sont pas isolées du monde spirituel angélique et divin qui peut intervenir à tout moment pour les guider autrement que ce que leur nature les auraient conduites à faire.
La communion du monde ne peut advenir que dans une grande communion entre toutes ces réalités. Et le chemin pour cela ne peut être que le même qu’ont suivi les Hébreux pour aller de l’Égypte à la Terre Promise : il passe par le désert. Il faut nous déprendre de l’empire technico-financier consumériste pour aller vers la joyeuse sobriété où l’on retrouve une vie belle et harmonieuse. Cela passe par une autonomie de vie qui nous donne la liberté d’entrer dans la communauté des personnes avec ce que l’on est. Cela passe par un enracinement dans une communauté locale où l’on développe l’amitié, les vertus, la capacité créative, l’autonomie alimentaire, énergétique et technique (lowtech, savoir-faire, etc). Il ne s’agit pas d’être survivaliste dans un monde qui s’effondre, mais d’être libre et résilient face à un monde en changement où il y aura des crises et des chocs, et où certaines choses vont s’effondrer. Et il faut être méfiant face au modèle dominant qui nous mène dans les bras du diable ; il faut s’en défaire pour prendre résolument le chemin de la civilisation de l’amour. Cela passe entre autre par une ascèse inévitable face aux écrans et aux smartphones. Quant nous serons dans la Terre Promise, nous retrouverons autrement beaucoup des avancées qui pullulent aujourd’hui, mais pour le moment, il est temps de prendre le chemin du désert.
La crise du Covid a montré très clairement que le modèle moderne transhumaniste nous conduit dans l’impasse : il ne voit plus la réalité même devant l’évidence (https://www.youtube.com/watch?v=TKwox82_Utg). Quand la pensée se fonde sur l’algorithme et non sur la sagesse, on court à la catastrophe. Il y a de quoi être inquiet, et l’Église devrait se rendre compte que se construit dans cette histoire une société inique, même si la vérité sur la gravité de la maladie et l’efficacité du vaccin peut être sujet à débat : https://fr.aleteia.org/2022/01/14/la-crise-gronde-le-temps-et-le-lieu-de-leglise/
Le vote des chimères homme-animal l’été dernier montre que l’on est devenu fou. L’homme a tellement creusé dans le puits de la technique qu’il a ouvert les portes de l’abîme, et il en sort des monstres comme celui de la Moria dans le Seigneur des Anneaux de Tolkien. Le monde change, et certains prônent un Great Reset à coup de programmes mondiaux aidés de la technique. Ce chemin est celui de l’abîme, car il n’y aura de vrai changement que dans la contemplation du mystère de la communion (nous l’avons dit plus haut). Et celui-ci ne peut venir que par l’engagement libre des personnes.
Alors, lançons-nous ensemble dans un grand exode. Soutenons-nous entre toutes les initiatives qui cherchent d’une manière ou d’une autre à bâtir la civilisation de l’amour. Trouvons une sagesse de vie et une posture existentielle qui servent beaucoup l’homme et au-delà de l’homme. Laissons-nous attirer et inspirer par la Beauté du Dieu d’Amour et de Vie. Et demain viendra le grand renouveau que Dieu nous a promis.