Au nom de l’espérance

Ce qui était prévisible est arrivé, la guerre a fait son entrée fracassante sur la scène médiatique. Non pas qu’elle n’existait pas jusque là. On la trouve en de nombreux pays. Et en Ukraine, l’épisode actuel n’est qu’un nouveau rebondissement d’une guerre de huit années. Mais aujourd’hui, l’équilibre fragile de la paix mondiale semble vaciller. La crainte se lit sur les visages.

Rappelons-nous alors ces paroles de Paul VI : « La civilisation de l’amour l’emportera sur la fièvre des luttes sociales implacables et donnera au monde la transfiguration tant attendue de l’humanité finalement chrétienne. » (25 décembre 1975). Et donc c’est au nom de l’espérance que nous écrivons ici, au nom de cette promesse que nous avons reçu que le Règne du Sacré-Cœur de Jésus s’installera en ce monde et chassera les ténèbres qui semblent y régner.

On peut ergoter des heures durant sur l’horreur d’envoyer une armée dans un autre pays. C'est de fait un drame pour les familles, pour les enfants, pour beaucoup d'innocents. On peut diaboliser celui qui fait cela, comme si il était le seul coupable. Mais, il faut se rendre compte que la Russie a réagi à des décennies de provocations américaines qui cherchent à la mettre à genoux, tout en promouvant des groupes extrémistes dans ces pays. Nos élites ont amplement montré leur corruption dans l’affaire du Covid et dans beaucoup d’autres histoires. Ils auraient pu arrêter cette guerre, en renonçant à avancer les pions américains en Ukraine. Ils le savaient ; ils l’ont écrit (on trouve cela par exemple dans un livre de Jacques Attali parlant en avance d'un casus belli au sujet des manigances américaines en Ukraine) ; mais ils n’ont pas voulu ; ils ont voulu la guerre avec la Russie ; ils veulent redessiner le monde ; et ils ne s’en cachent pas. Le dernier rempart du cadre de paix acquis suite à la guerre froide vient de tomber. Du fait des provocations des Américains auxquelles les Russes ont fini par répondre par la guerre.

Pour résoudre un conflit comme celui-là, il faut commencer par reconnaître qui est le premier agresseur, qui est celui qui a franchi la ligne rouge, même s'il ne le crie pas sur les toîts. Même si l'on ne cautionne pas la guerre, il faut reconnaître les tords des uns et des autres, et accepter d'écouter les revendications de tous les béligérants et de les prendre en compte.

On voit ici que la France a failli à sa vocation. Car celle-ci est de garder son indépendance pour travailler à maintenir les équilibres du monde au milieu de grandes puissances qui risquent toujours de finir dans la guerre si personne n’y met un peu de sagesse. En se livrant aux américains, la France a empêché qu’une paix durable s’installe. Ce n'est pas une parole en l'air que de dire cela. En dépit de sa faiblesse, la vocation de la France est ainsi depuis toujours : remettre chacun à sa place et barrer la route à toute volonté hégémonique. Parfois elle est fidèle, et le monde s'en porte bien. Parfois elle est infidèle et c'est la catastrophe. C'est pour cela que la France, à la différence d'autres pays, ne peut pas et ne doit pas disparaître dans un ensemble politique plus vaste, ou perdre sa propre unité et son identité.

Je ne crois pas que Vladimir Poutine cherche une confrontation mondiale. Il joue aux échecs pour servir les intérêts de la Russie et la partie est rude. Elle le dépasse en fait. La situation risque très vite de lui échapper. Peut-être a-t-il obtenu par je ne sais quel accord secret ou autre stratégie qu’il n’y aurait pas d’escalade de violence. Mais on ne peut être sûr de rien, et d’autres pays comme Israël et l’Iran au Moyen-Orient semblent depuis trop longtemps prêts à en découdre, et tout peut faire boule de neige. Autant aujourd’hui, la violence se laisse voir, mais les forces en présence semblent encore vouloir la contenir. Autant bientôt, ici ou là, elle ne pourra plus être contenue, car le cœur de l’homme est trop malade. Il n’y aura alors plus d’autre secours que le Ciel. Celui-ci a promis de venir, alors il faudra garder l’espérance. Notre monde s’est construit sans Dieu et sans le monde d’en-haut, il a cru maintenir son équilibre par l’arme atomique et par des projets humains, et sans se laisser toucher par l’amour de son Dieu qui vient changer nos cœurs. C’est une folie qui le mène dans l’abîme. Mais le Ciel le relèvera par Miséricorde et ce sera le début d’un chemin de renouveau.

Celui qui ne voit pas aujourd’hui que nous allons vers un choc est aveugle. Il est comme les vierges folles qui ne mettent pas d’huile dans leur lampe. Cette huile, c’est bien sûr la prière et les œuvres de charité qui nous préparent à la rencontre avec le Seigneur. Mais c’est aussi aujourd’hui la préparation de la traversée d’une épreuve : ancrage dans des lieux et des pratiques ressourçantes, accès à de l’eau et à de la nourriture en dehors des infrastructures qui peuvent devenir difficiles à maintenir (non pas pour des années, mais pour quelques mois), mise en réseau avec d’autres pour résister à plusieurs, etc. La civilisation ne va pas s’effondrer d’un coup, mais les secousses des combats actuels risquent de se faire sentir (ruptures d’approvisionnement, flambée des prix, coupure de courant, etc). Et au travers de ces chocs et des temps de rémission, il faudra rebâtir un monde plus humain et plus divin.

L’épreuve ne viendra pas sans que le Seigneur nous envoie une colombe de paix pour nous y préparer, comme il a envoyé Moïse pour la sortie d’Égypte. Le Seigneur a prévu un chemin de vie et de bonheur. Il nous y précède. Alors à nous de le suivre. Et quand viendra l’épreuve de la mer Rouge, Dieu saura faire un miracle pour que nous passions à pieds secs. Il saura redonner au monde l’unité perdue, et assurer une paix qui vient d’en-haut par des moyens à lui qui nous dépassent complètement.

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