Des fraternités priantes et missionnaires

Moïse et le Buisson Ardent : une vision d'un monde brûlant de charité par l'Esprit-Saint, où chaque feuille est comme une de ces fraternités priantes et missionnaires.

L’Église est en chemin. On ne cesse de le dire aujourd’hui. Mais, dans le temps qui est le nôtre, son chemin est de se préparer à vivre une Pâques à la suite du Seigneur. Il ne s’agit pas de rêver des réformes, mais de se mettre à plusieurs pour prier, vivre la charité fraternelle et se mettre en tenue de service. Nous nous sommes éloignés de l’Évangile : d’abord car souvent nous ne prions plus dans nos groupes, ensuite car nous ne vivons plus une authentique fraternité, et enfin car bien souvent nous ne nous considérons pas en mission pour le Seigneur.

Notre vision est que l’Église se renouvellera par la création de nombreuses fraternités priantes et missionnaires, qui jailliront de partout, telles des étoiles dans l’obscurité du monde, ou telles des tirailleurs, et non comme regroupées dans une forteresse imprenable, et non comme une armée rangée sous un seul chef. Car le seul chef est l’Esprit-Saint. Le seul chef est le Seigneur Jésus. Et ces derniers sont présents partout. Alors, par la prière et chacun à sa place, l’Évangile percera partout pour la gloire de Dieu le Père.

S’il y a une urgence aujourd’hui, c’est de susciter ces fraternités. Elles peuvent être rattachées à un ordre ou une spiritualité ou une paroisse, ou ne pas l’être. Elles peuvent être composés de laïcs, ou également de consacrés. Elles peuvent être récurrentes, chaque semaine, pour les vacances, etc. Ou être des lieux de vies, des colocations, etc.

Elles commencent par la prière. Car sans la prière, on ne peut rien faire : tout est vain. Cela peut être le chapelet, une dizaine, l’adoration, la messe, l’office, une prière d’un saint ou écrite pour l’occasion, une lectio divina, etc. Elles se continuent par la fraternité, la convivialité, par des temps de partage et des moments de qualité. Et elles s’achèvent dans des missions qui peuvent être de multiples formes : animer un temps de prière pour tous (chapelet, adoration, veillées miséricorde, etc), organiser un pèlerinage ou une consécration, mettre en place des formations ou des conférences, évangéliser dans la rue, visiter les personnes isolées, les prisonniers ou les malades, tenir un service paroissial, se former aux charismes et les pratiquer, organiser des week-end ou vacances entre chrétiens pour prier, se connaître et se former, monter une pièce de théâtre, etc.

Leur modèle est celui de l’Évangile. Il y a Jésus entouré de 12 apôtres avec 3 d’entre eux qui l’accompagnent dans les moments privilégiés et coordonnent les autres. C’est l’ordre de grandeur d’une fraternité qui fonctionne bien. Au-delà, il vaut mieux se séparer pour en fonder une autre. Et autour se trouvent les 72 disciples. Cela doit être le rayonnement d’une fraternité lors des moments de mission. Au-delà, il vaut mieux susciter une autre fraternité.

Il faut savoir lire la Parole de Dieu pour se mettre à l'école de Jésus, et pour que ces fraternités avancent à son écoute. Leurs boussoles et compas pour ne pas dérailler sont le Catéchisme de l’Église catholique et le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église. Pour leurs missions, les fraternités doivent obéir aux autorités ecclésiastiques s’ils veulent suivre le Seigneur : car sans obéissance (même si cela peut coûter), il n’y a pas d’humilité, et donc pas de fruits à attendre. Bien sûr, une fraternité peut toujours se retrouver et prier dans l’attente qu’un chemin s’ouvre pour ce qui semble être leur mission, si celui-ci semble être fermé. L’Église a tranché qu’il n’y a pas besoin d’un mandat ecclésiastique (d’un prêtre, d’un évêque, etc) pour porter un projet missionnaire. Mais bien sûr, il faut rester dans l’obéissance aux autorités dans son exécution, sauf si celui-ci est d’ordre purement temporel et ne relève donc pas de la hiérarchie ecclésiastique.

Voici quelques questions pour fonder une fraternité :

  • Quelle est la prière de la fraternité ? Ensemble ? Et chacun chez soi ? À quel rythme ? (Par exemple, quotidiennement chacun chez soi, et toutes les deux semaines ensemble.)
  • Quels sont le ou les saints patrons ?
  • Est-elle rattachée à un groupe ecclésial (paroisse, communauté religieuse, etc) ? A-t-elle un aumônier référent (prêtre, religieux, etc) ? (Ce n'est pas une nécessité au départ, mais cela aide à se poser les bonnes questions et à vivre cela ecclésialement.)
  • A-t-elle un lieu de vie ou d'activités pour ses membres (ou certains) ?
  • A-t-elle un lieu pour se retrouver régulièrement ?
  • À quelle fréquence se retrouver pour des moments de qualité ou de partage ?
  • Quelles sont ces moments : partage, activités créatives, jeux, etc ?
  • Quelle mission porter ensemble ? À quel rythme ? Où ?
  • Quelle est l’étendue géographique de la fraternité : une paroisse, une ville, un département, une région, la France, etc ?

De nombreuses structures chrétiennes sont aujourd’hui en déclin, faute de nouveaux membres et souvent sans réelle ferveur. Empêcher leur chute devient de plus en plus une perte de temps. Mieux vaux miser d’abord et avant tout sur l’éclosion de fraternités priantes et missionnaires, qui trouveront dans la prière le lieu de leur fécondité, c’est-à-dire celui qui plaît au Seigneur.

Dans le plan de Dieu, chacune de ces fraternités a un archange ou une principauté pour la guider : il est bon de le prier.

Ô glorieux archanges qui êtes les gardiens de nos fraternités, priez pour nous, gardez-nous, guidez-nous ! Et faites que nous puissions toujours servir le Seigneur pour sa gloire et le salut du monde. Amen.

Nos paroisses sont trop vastes pour vivre la fraternité nécessaire à la vie chrétienne. Paroisse vient de par-oika, à côté de l'oykos, et oykos veut dire habitation, maisonnée, communauté de proximité. Ainsi la paroisse doit être vue, je pense, comme une communauté d'oykos, une communion de fraternités, une communauté de communautés. Chaque baptisé, comme les apôtres, doit appartenir à un groupe restreint de personnes (une petite dizaine, maximum une quinzaine ou une vingtaine), qui prient et partagent ensemble. Comme les Hébreux qui se regroupent par petites communautés locales pour fêter la Pâque, comme les apôtres qui se retrouvent au Cénacle pour demander et recevoir l'Esprit-Saint, ainsi devons-nous nous retrouver en petites fraternités pour prendre le chemin vers le renouveau que Jésus prépare.

J'ajoute que de telles communautés doivent à cœur de vivre le mystère eucharistique : depuis l'adoration de Jésus-Hostie qui se donne à nous pour habiter en nous et dans nos maisons, jusqu'au fait de devenir nous-même des hosties vivantes pour apporter Jésus au monde. C'est là l'ingrédient indispensable et incontournable pour tout renouveau.

Et j'ajoute aussi qu'il est nécessaire pour les chrétiens de prier l'équivalent d'un Rosaire par jour : soit 3 ou 4 chapelet si l'on arrive pas à prier autre chose (comme les premiers moines qui ont prié le chapelet pour remplacer l'office qu'ils ne pouvaient suivre), soit l'équivalent en usant d'autres types de prière (adoration, oraison, partage biblique, offices, prière du matin et du soir, lecture de la Bible...), tout en maintenant au moins un chapelet par jour je pense. C'est là une demande répétée de la Vierge Marie dans plusieurs apparitions. Dans l'état actuel du monde où tant de courants et de forces puissantes nous entraînent loin de l’Évangile, c'est une réelle nécessité de s'ancrer ainsi dans les moyens du Ciel, en tenant la main de la Vierge Marie. Si cela vous semble impossible, eh bien, commencez à prier plus en vous encourageant les uns les autres, et vous verrez que progressivement cet horizon ne deviendra bientôt plus inatteignable. On dit qu'il faut savoir prier au moins aussi longtemps que l'on mange dans une journée. Et on dit aussi qu'il n'y a qu'une seule vraie nécessité dans la vie, c'est de donner du temps à Dieu. Ces fraternités doivent nous encourager à poser ce fondement indispensable de la prière.

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